Ce projet sera ouvert à tous les pays intéressés et partenaires internationaux, assurent les deux nations.

« Fly me to the moon. » La Russie et la Chine ont annoncé, mardi 9 mars, qu’ils projetaient de construire ensemble une station « à la surface ou en orbite » de la Lune, où se concentrent de nouvelles ambitions spatiales avec Mars en ligne de mire.

L’annonce intervient alors que la Russie, pionnière à l’époque soviétique en matière de conquête spatiale, se trouve désormais à la traîne, en comparaison avec les multiples projets d’autres Etats, dont certains sont pourtant novices, et d’entreprises privées.

Ce projet de « Station scientifique lunaire internationale » doit être mené à bien par l’agence russe Roskosmos et l’administration spatiale chinoise (CNSA). Reposant sur le principe des « bénéfices partagés », il sera néanmoins ouvert à « tous les pays intéressés et partenaires internationaux ».

Les communiqués de Roskosmos et de la CNSA annonçant ce projet d’accord ne précisent toutefois pas de calendrier ni les sommes investies. Selon Moscou, la Russie et la Chine établiront une « feuille de route » et mèneront une « collaboration étroite » afin de réaliser ce projet.

« Promouvoir l’exploration pacifique de l’espace »

« La Station scientifique lunaire internationale consiste en un ensemble d’outils de recherche expérimentaux créé à la surface ou en orbite de la Lune et conçu pour mener des travaux pluridisciplinaires », précise le communiqué. L’agence russe ajoute qu’elle doit aussi permettre d’évaluer des technologies permettant des opérations « sans pilote », dans la perspective d’une présence humaine sur la Lune.

Elle visera à « promouvoir l’exploration pacifique et l’utilisation de l’espace par toute l’humanité », a, de son côté, souligné l’administration spatiale chinoise.

Dans un tweet, le chef de Roskosmos, Dmitri Rogozine, a invité le directeur de l’administration spatiale chinoise, Zhang Kejian, à se rendre au lancement, prévu en octobre prochain, de l’atterrisseur lunaire russe Luna 25.

De nombreux programmes lunaires sont en cours de développement à travers le monde, considérés comme des bancs d’essai avec Mars pour objectif, à l’instar de l’américain Artemis. La Russie, qui n’a pas de projet aussi ambitieux, apparaît en retrait de la course, elle qui l’année passée avait perdu son monopole concernant les vols habités vers la Station spatiale internationale (ISS), après la première mission de ce genre réussie par la société américaine Space X. Cette dernière prévoit d’ailleurs un vol vers la Lune dès 2023.

Soucis d’innovation

Bien que profitant d’une très grande expérience et de matériel à la conception fiable datant de la période soviétique, le secteur spatial russe souffre de difficultés à innover, ainsi que de problèmes de financement et de corruption. Les réussites de Moscou restent néanmoins une source de fierté pour les Russes, en particulier grâce à la figure de Youri Gagarine, le premier homme dans l’espace, dont la célèbre mission fêtera en avril ses 60 ans.

Ce nouveau projet lunaire, s’il se concrétise, pourrait relancer Moscou dans la course à l’espace, avec l’aide d’un partenaire qui ne cache pas ses grandes ambitions dans ce domaine, à l’heure où les Etats-Unis prévoient de construire Lunar Gateway (LOP-G), la future mini-station qui sera assemblée en orbite lunaire.

« C’est vraiment important, et un pendant intéressant au (projet) piloté par les Etats-Unis LOP-G », a indiqué à l’Agence France-Presse l’analyste chinois indépendant Chen Lan de Go-Taikonauts.com. Selon lui, il s’agirait du « plus grand projet de coopération internationale » de la Chine dans le domaine spatial.

A la mi-février, la Chine, puissance spatiale en devenir, a placé sa sonde Tianwen-1 en orbite autour de Mars, près de sept mois après son lancement, en juillet ; une première pour le pays. En décembre, elle avait également rapporté sans encombre des échantillons de Lune, lors d’une première mission de ce type en plus de quarante ans.

De leur côté, les Etats-Unis ont fait atterrir avec succès un cinquième rover sur Mars à la fin février. Sous l’ancien président Donald Trump, Washington avait fixé le retour d’Américains sur la Lune pour 2024, dans le cadre du programme Artemis. De son côté, Joe Biden, tout en soutenant le programme Artemis, n’a pas encore nommé d’administrateur permanent pour la NASA, ni donné de vision précise de sa politique spatiale.

Sources

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