Les chercheurs y pensaient depuis longtemps, c’est désormais officiel : le rover Perseverance s’est bel et bien posé dans un ancien lac martien.

Perseverance qui arpente Mars depuis février dernier n’en finit plus de nous abreuver de superbes images. Et après trois mois de collecte, l’engin a accumulé un vrai petit trésor. D’après les équipes de la NASA, ces clichés sont la preuve irréfutable que le rover se trouve dans un ancien lac !

Cela faisait déjà longtemps que l’on soupçonnait le Cratère de Jezero – lieu de l’atterrissage du rover – d’être une ancienne étendue d’eau. C’est même l’une des raisons pour laquelle la NASA avait choisi d’y déposer Perseverance. L’agence spatiale américaine avait ainsi bon espoir de pouvoir confirmer cette hypothèse, et c’est désormais chose faite.

Les travaux publiés dans la revue Science se basent sur l’étude d’une zone qui intriguait déjà les chercheurs depuis quelque temps. En effet, cette dernière dispose d’une apparence particulière, en forme d’éventail. Cela n’est pas sans rappeller les deltas que l’on peut retrouver sur Terre. Perseverance est donc parti mener son enquête sur le terrain, et a produit plusieurs photos de lits géologiques invisibles depuis l’orbite.

Un lac, une rivière, et d’immenses inondations

En analysant les clichés, les chercheurs ont remarqué que la structure des couches de roche correspondait parfaitement à leurs attentes. Sur Terre, ce genre de structure se forme par un processus de sédimentation. Un phénomène que les chercheurs ont donc retrouvé ici sur Mars.

Les photos étaient même de si bonne qualité que la NASA a pu analyser les différentes couches en détail. En se basant sur leur orientation et leur épaisseur, les chercheurs de l’agence américaine ont déduit que ce matériel n’avait pu être déposé que par des fluides en mouvement. Cela indique que le cratère fût à un moment de son histoire un lac placide, alimenté par une petite rivière.

Mais leurs conclusions ne s’arrêtent pas là. Ils ont aussi repéré de gros rochers dans les couches supérieures. Une trouvaille pas anodine; cela signifie qu’ils ont été déposés plutôt récemment (toutes proportions gardées) dans l’histoire géologique de Mars. Mais vu leurs tailles et leurs poids, ils n’ont certainement pas été déplacés par une simple rivière. Selon les chercheurs, cette présence témoigne d’un épisode d’immenses inondations, survenues en un temps record.

Un coffre-fort géologique et biologique

Pour les scientifiques, la présence d’eau dans le cratère par le passé est une excellente nouvelle à bien des égards. En premier lieu, ils pourront désormais remonter à la source de ces inondations, et ainsi en apprendre davantage sur la climatologie, l’hydrologie et la géologie de Mars. Encore mieux : cette eau aurait éventuellement pu servir de substrat à une forme de vie. Il sera donc d’autant plus intéressant de remonter le cours de l’eau à la recherche de traces de vie passée.

C’est d’autant plus vrai que sur Terre, ces structures, déjà très instructives en elles-mêmes, renferment souvent des fossiles piégés entre deux couches de sédiments. Ces affleurements sont donc de vrais coffres-forts. Ils renferment une partie de l’histoire géologique, et avec de la chance, biologique de la Planète Rouge. Il ne reste plus qu’à explorer son contenu; une aventure de longue haleine, mais infiniment excitante. “Cela va prendre du temps de trouver les roches où l’on espère trouver des signes de vie”, conclut Benjamin Weiss, chercheur en sciences planétaires au MIT. “C’est un marathon, mais avec beaucoup de potentiel.” Le texte de l’étude est disponible ici.

Sources

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