Une entreprise américaine souhaite débarrasser notre satellite naturel de l’une de ses précieuses ressources, le régolithe. Derrière leurs apparences grises et poussiéreuses, ces fragments de roche, répandus sur toute la surface lunaire, ont une valeur potentielle colossale.
L’objectif de Lunar Resources, basée à Houston, est de développer une technologie pour extraire le fer, l’aluminium, le magnésium et le silicium de ce minéral céleste. Ces matériaux seraient ensuite utilisés pour fabriquer des outils directement sur la Lune. Mais comment extraire ces composants? Tout simplement en les faisant fondre.
S’inspirant d’une technologie d’extraction de métaux de la NASA, Lunar Ressources compte chauffer le régolithe à une très haute température, 1.600°C, jusqu’à ce qu’il fonde, puis réaliser une électrolyse afin de faire apparaître de l’oxygène et des métaux comme le fer ou le silicium. Le sol lunaire est composé pour moitié d’oxygène, puis de 20% de silicium, 10% d’aluminium et enfin de toutes petites quantités de fer et de titane.
La machine devrait mesurer 1 mètre de diamètre et de hauteur et fera fondre des boules de régolithe lunaire, livrées par un petit rover, au rythme de 100 kilogrammes par jour. À long terme, le plan de la société est d’utiliser les métaux extraits pour fabriquer, entre autres, des systèmes électriques directement sur la Lune.
Far west des ressources spatiales
Nulle philanthropie ne se cache derrière cette raclette lunaire géante. Le PDG de Lunar Ressources, Elliot Carol, est plus un investisseur qu’un scientifique. Après avoir fait carrière dans la gestion de fonds spéculatifs, il s’intéresse depuis cinq petites années à l’industrie spatiale et plus particulièrement à la Lune. Et il est loin d’être le seul à avoir jeté son dévolu sur le marché extra-terrestre.
Les nombreux projets de commercialisation de biens extra-terrestres posent la question de la légalité de l’accaparement des ressources spatiales. Le Traité de l’espace indique que l’espace «ne peut faire l’objet d’appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie d’utilisation ou d’occupation, ni par aucun autre moyen». Théoriquement personne n’a donc de droit sur la Lune.
Pourtant, plusieurs gouvernements et sociétés privées entendent contourner, ou «réinterpréter», le traité pour développer le secteur industrialo-spatial.
En 2015, le Space Act signé par Barack Obama autorise ses ressortissants à s’approprier les ressources de l’espace afin de les commercialiser. Le Japon, quant à lui, a passé en décembre dernier une loi qui réglemente l’utilisation de ces ressources.
De nombreuses entreprises privées investissent l’espace depuis plusieurs années, souvent avec l’assentiment des agences nationales, ravies de pouvoir s’appuyer sur le secteur privé pour relancer la conquête spatiale.
En plus des capitaux privés, la National Science Foundation et la NASA ont fourni à Lunar Resources un financement d’environ 3 millions de dollars. Selon l’entreprise, un premier réacteur prototype serait prêt à être envoyé sur la Lune pour un test de démonstration d’ici 2024.
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