La sonde Cassini a réalisé une série de photographies étonnantes des anneaux de Saturne, avec une résolution sans précédent.

Dans les sillons granuleux bien peignés se cachent des structures irrégulières et parfois des lunes minuscules. Des images à savourer, d’autant que cette mission de treize années s’achève bientôt et que, par la suite, nous n’en aurons plus de semblables avant longtemps.

Saturne doit en grande partie sa beauté à ses innombrables anneaux, s’étalant sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres (et seulement quelques centaines de mètres d’épaisseur !). Leur origine n’est pas encore bien comprise. Ils sont constitués de grains de glace, de poussière, tous de tailles et de densité variables, et forment des ensembles distingués par des vides de différentes largeurs. Des séparations en somme, dont la plus grande, entre les anneaux A et B, fut observée pour la première fois par Jean-Dominique Cassini, en 1675, à environ 1,3 milliard de kilomètres de la planète. D’ailleurs, elle porte son nom.

Tout comme la sonde spatiale qui, depuis presque treize ans maintenant, explore ce monde fascinant et ses dizaines de satellites. La moisson de découvertes est prodigieuse. Hélas, il est bientôt temps pour le vaisseau de l’ESA et de la Nasa de tirer sa révérence. Son plongeon final dans les limbes de la deuxième plus grosse planète du Système solaire est programmé pour le 15 septembre prochain. Mais avant cela, la sonde va continuer de nous faire rêver, partageant avec nous ses frissons, au plus près des anneaux.

De loin, les anneaux ont l’air bien peignés, composés de sillons réguliers et parallèles. Pourtant, observés de plus près, comme sur cette photo prise par Cassini le 18 décembre 2016, à quelque 134.500 km, ils présentent des irrégularités. La densité de matière est en effet loin d’être uniforme. Ici, les petites lunes Janus et Épiméthée, qui circulent sur la même orbite, font onduler les sillons qu’ils frôlent.

Cassini au ras des anneaux

Fin novembre 2016, Cassini a entamé son cycle de 22 orbites dites en « rase-motte » des anneaux (Ring-grazing), qui la fait passer jusqu’à 7.800 km de l’anneau F, le plus externe de l’ensemble principal, et aussi par-dessus ses pôles. Cette phase doit s’achever le 22 avril prochain.

Ces derniers jours, la Nasa a dévoilé plusieurs images récentes prises par la sonde durant ces survols inédits. Comme on pouvait s’y attendre, elles sont stupéfiantes. Jamais, il n’y en eut de plus détaillées. La résolution de ces structures granuleuses atteint 550 mètres. Cela dépasse les clichés de 2004 pris pourtant d’un peu plus près. On y distingue des irrégularités pailletées, des grumeaux, et aussi les étonnantes structures en forme d’hélices que Cassini a découvertes en 2006, et qui sont créées par des lunes minuscules tapies dans ces vastes champs labourés de poussières.

Région externe de l’anneau B photographiée par Cassini le 18 décembre 2016, à 51.000 km. La résolution est de 360 m par pixel. Les rayons cosmiques sont à l’origine des traces blanches apparaissant sur l’image. Elles ont été laissées pour ne pas perdre des détails.

« Ces vues rapprochées ouvrent une toute nouvelle fenêtre sur les anneaux de Saturne, et au cours des prochains mois, nous attendons des données encore plus étonnantes alors que nous entraînons les caméras sur d’autres parties des anneaux plus proches de la planète », commente Matthew Tiscareno. Ce chercheur est chargé de planifier la prochaine phase – « last but not least » -, conduisant le vaisseau entre les anneaux internes et l’atmosphère.

La semaine dernière, la Nasa nous émerveillait avec une vue sans précédent de la petite lune Daphnis, dont on avait entrevu jusqu’alors son ombre projetée sur les anneaux qu’elle escorte. C’était déjà un spectacle superbe…, mais cette fois, on voit le satellite de 8 km de long comme jamais. Sur cette photo, capturée à 28.000 km de distance, on peut voir les vagues créées par la gravité de Daphnis sur les anneaux qu’elle frôle. La petite lune se promène à l’intérieur d’un couloir relativement vide de 42 km de large nommé Keeler Gap. Il se situe près de l’extrémité des anneaux A. Cassini est encore loin d’avoir dit son dernier mot.

La sonde Cassini va frôler toutes les semaines, jusqu’au 22 avril 2017, l’anneau le plus externe de Saturne et passera au-dessus des pôles jusqu’à 90.000 km. Cette séquence promet des vues sans précédent de ces structures annulaires et des petits satellites qui s’y promènent. Un prélude au plongeon final de cette mission, en septembre 2017. 

Sources

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